Pendant plusieurs années, Greta Thunberg a incarné la voix de la jeunesse mondiale en matière d’écologie. De ses grèves scolaires à ses discours à l’ONU, en passant par les marches pour le climat dans des dizaines de pays, la jeune suédoise est devenue un symbole planétaire. Pourtant, aujourd’hui, le regard porté sur elle a radicalement changé. De plus en plus de critiques émergent, y compris de la part d’anciens soutiens. Certains affirment qu’elle a perdu son cap initial, qu’elle n’est plus une militante écologiste, mais plutôt une figure politique engagée dans des causes multiples, parfois très éloignées du combat environnemental. Alors, que s’est-il passé ?
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Un engagement élargi, mais aussi dispersé
Au fil du temps, Greta Thunberg a commencé à prendre position sur des sujets qui ne relèvent pas directement de l’écologie, comme le conflit israélo-palestinien, la situation des réfugiés, ou encore des questions sociales et identitaires.
Si certains saluent son courage, d’autres y voient une dérive de son combat initial. Le cœur de son message – la lutte contre le dérèglement climatique et l’inaction des gouvernements – semble s’être dilué dans un discours beaucoup plus large, parfois confus, où l’écologie n’est plus que l’un des éléments d’une liste de revendications. Résultat : une partie du public, en particulier celui qui s’identifiait à son militantisme écologique pur, se sent trahi ou désorienté.
Un ton jugé de plus en plus agressif et moralisateur
Au départ, Greta incarnait la sincérité, l’émotion brute d’une adolescente indignée. Son fameux “How dare you?” à la tribune de l’ONU avait marqué les esprits. Mais avec le temps, son ton s’est radicalisé, et elle est souvent perçue comme donneuse de leçons, inflexible, voire intolérante à la nuance.
Ses attaques virulentes contre les chefs d’État, les institutions et même parfois contre d’autres militants écologistes plus modérés, ont contribué à ternir son image. Pour de nombreuses personnes, elle ne propose plus de solutions, elle accuse. Et dans un monde où les gens sont déjà lassés par la culpabilisation écologique, ce type de discours est de moins en moins bien reçu.
Une récupération politique mal perçue
Greta a toujours voulu rester indépendante des partis politiques. Mais ces dernières années, ses prises de parole ont clairement épousé certaines idées et postures de la gauche radicale, ce qui a renforcé le sentiment qu’elle n’était plus une militante de l’environnement, mais une militante politique au sens large.
Elle est régulièrement invitée à des événements politiques très orientés, prend parti pour certains gouvernements et contre d’autres, et n’hésite pas à mêler climat, justice sociale, droits humains et positions géopolitiques. Cela suscite une polarisation de son image : elle est adulée par certains cercles militants très engagés, mais délaissée par le grand public, qui cherche avant tout des réponses claires et concrètes à la crise écologique.
Une image qui ne fait plus l’unanimité
Ce glissement de Greta Thunberg vers un militantisme global a entraîné une érosion de son aura médiatique. Autrefois omniprésente dans les médias généralistes, elle est aujourd’hui moins invitée sur les grandes scènes internationales. Les jeunes eux-mêmes, pourtant au cœur de sa cible initiale, semblent moins inspirés par sa figure. Ils se tournent davantage vers des collectifs locaux, des actions concrètes et des solutions de terrain, que vers des discours percutants mais peu suivis d’effets.
Les réseaux sociaux, autrefois bastion de son soutien, lui sont aujourd’hui moins favorables. Elle y est souvent moquée, critiquée ou accusée de s’être éloignée de sa cause originelle. Le fait qu’elle n’ait jamais voulu s’associer à des projets écologiques concrets (entrepreneuriat durable, ONG actives sur le terrain, coopération scientifique) joue aussi contre elle. Elle incarne de plus en plus une posture, mais de moins en moins une solution.
Une figure en déclin ou en mutation ?
Greta Thunberg n’a pas disparu de la scène, mais son statut a changé. De figure consensuelle du climat, elle est devenue une militante clivante, parfois rejetée, souvent critiquée. Ce n’est pas tant son engagement qui est remis en cause, que son éloignement des priorités écologiques concrètes. À force de vouloir défendre toutes les causes à la fois, elle a perdu la clarté de son message initial.
L’avenir dira si cette mutation est une erreur stratégique ou une transition vers une nouvelle forme de militantisme. En attendant, elle ne représente plus, pour beaucoup, la voix unifiée de la jeunesse pour le climat. Et cela, dans une époque qui réclame des actions claires, est un tournant symbolique majeur.